EX-SANGUIS

Exposition personnelle de Juliette Feck à la galerie l’axolotl

Commissaire de l’exposition: Léo Fourdrinier

8 Juillet – 3 Septembre 2022
36 rue Chevalier paul – 83000 Toulon
Texte: Léo Fourdrinier
Photographies:
 Léo Fourdrinier

L’exposition a bénéficié du soutien du Centre national des arts plastiques et de Ecole Supérieure d’Art et Design Toulon Provence Méditerranée

« L’amour devient famille ; le feu devient foyer. » 

Le geste de Juliette Feck est la résonance d’une incarnation surgissant du lointain. Ses oeuvres invoquent un processus de métamorphose à travers le modelage de la céramique. Puissantes comme un souffle de vie, elles se revendiquent comme la marque d’une dissidence, une forme de résistance à la norme. Juliette Feck porte en elle une quête de sublime régie par la passion du flux, du danger, de l’animosité.

Pour sa première exposition personnelle, Juliette Feck organise une ambitieuse convocation. Dans une esthétique rendant hommage au genre cinématographique et littéraire gore associée au fantastique, une citadelle dystopique s’offre à nous: flirtant avec les travers d’une société, d’un inter-relationnel entre l’humain et le vivant qui l’entoure, son oeuvre condamne la haine sous toutes ses formes.

L’artiste imagine un parcours narratif guidé par la fragmentation d’un bestiaire sculptural en faïence. Les animaux représentés que sont la louve et le renard, historiquement considérés comme monstrueux et enragés, dangereux pour l’homme, nous confrontent ici à notre propre agressivité. Homo homini lupus est.

Inspirée par la violente actualité d’une louve pendue dans les Hautes-Alpes, la figure lupine jouit d’un rôle ambivalent, combinant des aspects positifs et négatifs. Brutalisée, elle témoigne de l’engeance de l’homme sur l’animal. Dans la pensée vernaculaire, le loup est cruel, la louve protectrice. Avec intelligence, Juliette Feck présente la figure animale comme métaphore sociale engagée face à l’impunité accordée aux violences perpétrées par une société patriarcale.

« Chaque forme est un symbole, une prière pour conjurer une civilisation à la dérive » nous confie l’artiste. La recherche d’une harmonie basée sur le respect du vivant transparaît dans l’intime conte vraisemblablement éco-féministe de Juliette Feck à la galerie l’axolotl. Jaillissantes, les mains de sirènes prédatrices ne font que renforcer un sentiment d’urgence, un éclat de lucidité et un regard critique sur la société contemporaine. Mais cet esclandre s’émancipe de tout jugement : c’est la vie et son désir que Juliette invoque par sa sublimation.